Ile de Gavrinis

 

Informations pratiques

Pour tous renseignements sur les dates et horaires d'ouverture, tarifs, accès ... rendez-vous sur le site du Cairn de Gavrinis
Contact : Cairn de Gavrinis - Cale de Pen Lannic - Larmor-Baden - Tél. 02 97 57 19 38 - accueil@cairndegavrinis.com

 

Géographie

L'île de Gavrinis est l'une des 4 îles de la commune, située non loin de l'ouverture du Golfe du Morbihan sur la haute mer, à dix minutes en bateau du port de Larmor-Baden. Il n'y a pas de bourg sur ce rocher granitique de 750 m de long et 400 m de large, soit 30 hectares environ. Le point culminant de l'île domine tous les environs.

L’île est partagée en deux parties : l'une, au sud, appartient au département du Morbihan et l'autre, au nord, est une propriété privée. 

 

Histoire

« Une petite chapelle était autrefois édifiée sur Gavr'iniss, à trois cents pas du mystérieux monument. La tradition la donne, comme annexe, à un couvent de Moines rouges, c'est-à-dire aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem confondus, par le peuple, avec les Templiers, dont ils héritèrent. Une ferme, pour l'exploitation de l'îlot, a remplacé la chapelle. Dans les ruines de cette dernière, on a trouvé un crucifix, en cuivre rouge, de style et de forme semblables aux crucifix datant de l'époque où vécurent les chevaliers du Temple. 
L'actuel propriétaire a eu de nombreux prédécesseurs. On peut mentionner Nicolas Fouquet, puis un de Keryaval.
L'île fut vendue comme bien national en 1793 et fut achetée par un Arzonnais, Stéphany, dit «l'Ardent». Elle fut ensuite propriété de l'abbé Hémon de Locmariaquer, du docteur Cauzique, alors maire de Crac'h, d'une demoiselle de Closmadeuc, nièce d'un ancien maire de Vannes qui la vendit au dernier propriétaire, la famille Voituriez.

L'île comportait une ferme qui a longtemps été occupée par des Badennois puis des Larmoriens. Parmi les fermiers, on peut mentionner : les Guillemot, les Brégent, les Le Garrec, les Jacob....

 

Étymologie

le nom de Gavrinis est parfois interprété comme un nom dérivé du breton gavr, « chèvre », et enez, « île » (prononcé ici inis), qui signifierait l'île de la chèvre. En effet, la construction de mots et de noms en vieux breton recourt souvent à l'inversion du déterminant et du déterminé par rapport à l'ordre du français ou à l'ordre habituel en breton actuel où l'on dirait enez ar c'havr. Si le suffixe inis provient bien du breton enez, l'interprétation l'île de la chèvre correspond en fait à une étymologie populaire induite par la prononciation moderne du nom de l'île qui n'a rien à voir avec la réalité.

En effet, l'île est mentionnée dans des documents anciens sous le nom vieux-breton de Guirv Enes en 1184 et Guerg Enes en 1202. Guerg n'a rien à voir avec le nom de la chèvre en vieux breton qui est gabr (d'où le breton moderne gavr). Guerg est un mot apparenté au gallois moyen gwery, « actif », et au vieil irlandais ferg, « colère » (aujourd'hui fearg) ainsi qu'aux mots germaniques de la famille de work, werk. Il est également apparenté au français dialectal « verchère », du bas-latin uercaria ou auergaria qui est tiré du celtique are-uerg-aria, champs travaillés. Ce nom pourrait donc signifier « l'île travaillée », « cultivée » et s'opposer ainsi à gueld enes, « l'île inculte », autre nom d'île qui est mentionné comme le premier dans une vie de Saint Maudez recopiée au xviie siècle d'après un manuscrit datant du xie siècle.

 

Le Cairn

 

Histoire

À l'époque de sa construction (vers 3500 ans avant Jésus-Christ), l'île était encore rattachée au continent. Sa construction est relativement tardive dans le monde du mégalithisme. Son utilisation cessa en 3000 avant J.-C. Les structures légères en bois qui se dressaient devant la façade furent incendiées et immédiatement recouvertes d'une masse de pierre qui condamna l'entrée. Une chape de sable fut même ajoutée pour transformer ce cairn monumental en monticule aveugle.

 

La découverte

En 1801, le monastère, l'église et l'enclos de Gavrinis sont vendus au docteur Cauzique, alors maire de Crach. Ce dernier entreprend de défricher les terres afin d'y installer des fermes. Il détruit ainsi les derniers restes du monastère, dégage un tumulus et découvre accidentellement en 1832 au fond du cratère une anfractuosité conduisant à la chambre du dolmen.

Fouilles et restaurations

Les premières fouilles connues datent de 1835 avec le dégagement du dolmen intérieur. L'inspecteur des monuments historiques Prosper Mérimée, venu cette année alors que le dégagement était en cours, y décrit les traces de l'activité artistique dans ses Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France : « Ce qui distingue le monument de Gavrinis de tous les dolmens que j’ai vus, c’est que presque toutes les pierres composant ses parois sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Ce sont des courbes, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes ». D'autres campagnes de recherches furent menées par les archéologues Gustave de Closmadeuc (1881 - 1884), Zacharie Le Rouzic (1925 - 1927) qui réalisa les premiers travaux de restauration vers 1930, enfin par Charles-Tanguy Le Roux (1985 - 1995), ancien directeur des antiquités bretonnes, a conduit la mise en valeur du monument dans les années 1980 . En 2013, le cairn est entièrement numérisé au laser, permettant une représentation en trois dimensions de la tombe. Il est le premier site mégalithique en France à bénéficier de cette technique. 

Le département du Morbihan rachète le monument en 1961. À partir de 1969, le ministère de la culture et le Conseil général du Morbihan ont entrepris une série de travaux de restaurations et de fouilles qui ont profondément modifié la connaissance de ce monument. En 1984, les archéologues ont dégagé la face cachée des dalles. Plusieurs gravures sont alors apparues. Certaines de ces pierres semblent provenir de monuments plus anciens qui auraient été réutilisées. En effet les gravures qu'on trouve à leur surface sont d'un style figuratif complètement différent de celui qu'on trouve à l'intérieur du dolmen. Le cas le plus spectaculaire est celui de la dalle recouvrant la chambre dont la face cachée était ornée d'un bovidé, des cornes d'un autre animal et d'un motif qu'on retrouve dans d'autre monuments de la région et dont la signification est controversée (On parle souvent de « hache-charrue » ou de représentation de cachalots). Elle se raccorde à deux autres pierres dont l'une forme une partie de la couverture de la Table des Marchand et l'autre la couverture du caveau d'Er Vinglé, à Locmariaquer, distants d'environ 4 kilomètres du site, à vol d'oiseau. Charles-Tanguy Le Roux, archéologue responsable des fouilles, a montré par l'étude des cassures et des décors que ces morceaux formaient un menhir de 14 mètres de haut qui était sans doute élevé non loin du grand menhir brisé d'Er Grah. Ce menhir fut abattu et débité pour couvrir les tombeaux.

 

Description et architecture

La masse de pierres est soutenue en interne par un certain nombre de "murs" créant plusieurs "couloirs". Le cairn a un diamètre d'environ 50 mètres. Ce type d'architecture est un exemple typique (bien qu'une des plus grandes) de l'architecture en pierres sèches du néolithique. Le cairn recouvre un grand dolmen : un couloir de 14 mètres de long se termine par une chambre funéraire simple, presque carrée, de 2.5 mètres de côté. Cette chambre est située sensiblement au centre du cairn. Le dolmen est constitué par l'assemblage d'une cinquantaine de dalles brutes soigneusement juxtaposées. La plus importante couvre la chambre : elle pèse près de 17 tonnes.
Le couloir permettant d'accéder à la chambre funéraire a des parois composées de 29 dalles dont 23 sont gravées de dessins. « Ce qui distingue le monument de Gavrinis de tous les dolmens que j'ai vus, c'est que presque toutes les pierres composant ses parois sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Ce sont des courbes, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes... Parmi une multitude de traits... on en distingue un petit nombre que leur régularité et leur disposition singulière pourraient faire ressembler à des caractères d'écriture... Il y a encore des chevrons, des zigzags et bien d'autres traits impossibles à décrire »
— Prosper Mérimée, Notes de voyage dans l'ouest de la France,1836                              

Cette construction témoignant de l'art néolithique est considérée aujourd'hui par de nombreux archéologues, comme l'un des plus beaux monuments mégalithiques au monde, par les gravures et le soin apporté à son édification. C'est un exemple caractéristique d'architecture néolithique réalisé en maçonnerie sèche : des murs de parement structurent la masse des pierres disposées en écailles de part et d'autre du dolmen intérieur, dessinant une construction à large gradins réguliers.
Probablement destiné au culte des morts, le dolmen a une forme classique « dolmen à couloir et chambre simple », très répandu en Bretagne entre 4500 et 3000 avant J.-C. Vers la même époque, des réalisations comparables sont édifiées en Normandie, dans le Poitou, mais aussi en Irlande en Angleterre, en Espagne. Ce monument est l'un des plus beaux et des mieux conservés qui nous soit parvenus.   

 

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Galerie photos